arnaudiannuzzi
11 décembre 2020 7 min read

Article par Aurélie Meyer, Head of Compliance & Risk, Birdee. Toujours dans cette optique de partage d’expérience, nous allons cette semaine nous intéresser à un sujet quelque peu différent des précédents mais pourtant essentiel au vu des nombreuses sollicitations que nous recevons de la part de nos clients investisseurs ou futurs investisseurs.

Cette semaine: Est-il plus performant d’investir progressivement ou en une fois ?

Comme précédemment mentionné, notre leitmotiv est depuis toujours de proposer un service de gestion discrétionnaire/dédiée à tout à chacun et ce de manière simple, digitale, à faibles coûts et sans barrière à l’entrée. Nous souhaitons dès lors que les jeunes au même titre que les moins jeunes puissent accéder à l’investissement. Nous défendons l’idée qu’avec tous les aléas et les changements économiques et politiques, placer son argent quand on est jeune est synonyme d’anticipation et de sécurité. Mais, parfois, certains, encore novices, s’interrogent. Comment bien investir ? Y a-t-il un moment idéal ? Il n’y a pas de recette miracle. Nous encourageons généralement nos clients à se poser avant tout les bonnes questions sur leurs objectifs et projets personnels. Nous leur recommandons par exemple à apprendre à se connaître. Il n’existe pas de méthode unique. Tout va dépendre de leurs finances, de leurs objectifs, des risques qu’ils sont prêts à prendre, de leur horizon d’investissement. Il existe néanmoins quelques grands principes généraux. Personne ne s’étonnera si on dit que qu’un investissement réussi s’articule autour de quatre préconisations.

  • Diversification des placements
  • Vue long-terme
  • Investissement de sommes raisonnables avec en parallèle une épargne de précaution
  • Régularité dans les versements

Ce dernier point n’est peut-être pas assez abordé. Et c’est probablement l’élément le moins connu, ou le moins appliqué malheureusement. Nous allons dès lors aujourd’hui nous intéresser à cette question qui peut paraître simple mais n’en est pas moins indispensable : Faut-il investir en une seule fois ou fractionner son investissement ?

  • Investir en une fois consiste, comme son nom l’indique, à verser l’intégralité de la somme que vous souhaitez allouer à l’investissement en question en une seule fois.
  • L’investissement progressif, récurrent également appelé épargne programmée ou DCA, acronyme de « Dollar Cost Averaging » pour les Anglo-Saxons, consiste à investir de façon régulière (fréquence déterminée à l’avance) un montant fixé dès le départ sur le long voir très long terme.

Au sein de Birdee, nous encourageons nos clients à investir de manière régulière que cela soit chaque semaine, mensuellement, trimestriellement, … La fréquence mensuelle a cet avantage supplémentaire d’engendrer une forme d’épargne systématique. Ce qui n’est pas négligeable pour notre clientèle cible. Mais pourquoi justement privilégier cet investissement récurrent ? Et comment procéder ? Statistiquement parlant, en investissant une somme constante à intervalles de temps réguliers, on obtient un prix de revient inférieur à la moyenne des prix constatés lors des achats successifs. Typiquement, dans le cadre de nos portefeuilles investis en ETFs, on achète davantage de parts lorsque le prix est bas et moins de parts lorsque le prix est, proportionnellement, haut. On obtient ainsi un prix de revient unitaire inférieur à la moyenne des prix constatés sur la période. Investir une somme plus importante en une seule fois entraîne un constat clair : le résultat de l’investissement sera très dépendant du point d’entrée choisi. Investir lorsque les marchés sont à la hausse, n’a pas le même impact qu’investir la même somme avec des marchés en baisse. Un investisseur peut notamment entrer sur les marchés au mauvais moment (au pic des marchés, juste avant l’enclenchement de la baisse) et devoir attendre malheureusement, parfois, plusieurs années avant de retrouver la valeur de son capital initial. Investir progressivement permet de lisser ce point d’entrée : il devient (à quelques éléments près) la moyenne des cours constatés pendant la phase d’investissement progressif. En d’autres termes, en investissant la même somme, de manière régulière sur les mêmes actifs financiers, on renforce l’investissement en période baissière et on le réduit en période haussière des marchés. Dans une optique de préparation de la retraite, par exemple, l’investissement programmé peut s’avérer très utile. Car il permet d’atteindre une bonne rentabilité tout en réduisant le risque. C’est ainsi une bonne technique pour se constituer un capital sur le long terme. Raison pour laquelle, nous considérons que l’approche est d’autant plus utile pour les jeunes investisseurs qui n’ont peut-être pas de grosse somme de départ à investir mais une volonté forte d’épargne. Mais concrètement comment procéder ? Au sein de Birdee, nous recommandons à nos clients de mettre en place auprès de leur banque, un système de virements récurrents via le principe de l’ordre permanent. Une fois, ce versement programmé établi, ils n’ont plus à s’en soucier. Ils investissent en plusieurs fois et épargnent régulièrement sans même y penser. Et nos clients investisseurs ne semblent pas insensibles à ces recommandations. En effet, de plus en plus optent pour l’investissement régulier. Chacun adapte la fréquence et le montant d’investissement suivant sa propre règle : certains mettront 50, 100 euros chaque semaine, d’autres 500, 1000 euros chaque mois. Certains clients préfèrent investir de plus grosses sommes à intervalle régulier sans pour autant s’imposer une réelle récurrence fixe. Et cela porte ses fruits. Pour preuve, les clients ayant opté pour un investissement progressif semblent satisfaits de leur performance et sont généralement des clients fidèles. Certains nous suivent d’ailleurs depuis le lancement de notre offre en 2017. Cette confiance nous est chère. Comme nous le mentionnons dans un précédent article, avoir baissé la barrière à l’entrée est un parti pris mais celui-ci s’avère payant lorsque la base de nos clients grandit progressivement et que les clients optent pour l’investissement progressif. Pour eux, l’effort financier est moins important qu’un investissement unique plus élevé. De notre côté, notre rémunération garde des perspectives de croissance au vu de l’évolution de nos avoirs sous gestion. Certains articles de presse financière considèrent notre argumentation comme erronée et prétendent au contraire, qu’investir progressivement sur toute la durée de l’investissement, que ce soit à long terme ou à court terme ne représente pas d’intérêt, ni en termes de performance, ni en termes de gestion du risque. Leur analyse ne considère néanmoins généralement pas une gestion pilotée et de diversification telle que nous la préconisons. Enfin, résumer le problème à une simple équation rendement/risque serait oublier le caractère émotionnel de l’investissement. Ce dernier est pourtant bien présent et nous y apportons de l’importance lors de nos échanges avec les clients. Il y a ainsi d’autres arguments que ceux évoqués ci-dessus en faveur de l’investissement récurrent.

  • Il est moins anxiogène : Investir tout d’un coup fait porter une lourde responsabilité à l’investisseur. Quel est le meilleur moment ? Aujourd’hui ? Dans un mois ?
  • Il est bien plus en lien avec les choix de vie de l’épargnant : On est plus souvent confronté à la problématique d’une épargne mensuelle qu’à celle d’une rentrée financière conséquente arrivant par surprise. Le lissage est donc naturel.

En conclusion, l’investissement progressif amortit l’effet des fortes chutes, des kraks boursiers, comme celui connu au 1 er trimestre 2020. Cela permet de limiter la dispersion des résultats. Certes, il ne permet peut-être pas d’atteindre les résultats que pourrait obtenir un investissement en une seule fois au meilleur moment, c’est-à-dire lorsque les prix sont exceptionnellement très bas. Mais, personne ne peut prédire l’évolution des marchés boursiers à long terme.


Dès lors, l’investissement progressif c’est finalement peut-être la sûreté de ne pas investir au pire moment. La sérénité qui en découle n’a dès lors probablement pas de prix pour les investisseurs-épargnants.