arnaudiannuzzi
22 avril 2020 3 min read

Article de Laurent Bodson, Responsable des Marchés LatAm.

La crise actuelle touche quasiment tous les secteurs et tous les pays du monde. Cependant, force est de constater que certaines industries sont plus résilientes et peuvent même profiter de cette situation pour dégager des volumes supplémentaires d’activités. Les Robo-Advisors semblent plutôt faire partie de cette dernière catégorie. En effet, ces plateformes digitales qui prennent en charge l’épargne financière des particuliers (elles gèrent environ mille milliards d’euros de placements dans le monde dont 40 milliards d’euros en Europe d’après Statista.com) selon leur profil de risque et leurs objectifs d’investissement semblent spécialement bien convenir aux besoins des investisseurs confinés.

D’une part, les technologies utilisées sont spécifiquement élaborées pour des expériences digitales en toute autonomie et respectant, par définition, les distanciations sociales en vigueur actuellement. Les investisseurs ne doivent par conséquent pas modifier leur comportement d’utilisation qui reste valable pendant cette période de confinement et ils continuent à interagir avec leurs conseillers et les équipes de support via les mêmes canaux de communication qu’auparavant. Cette continuité d’utilisation est (sans doute) réconfortante et elle accroît par ailleurs leur confiance envers ces nouvelles offres digitales de conseil en investissement.

D’autre part, les algorithmes (quasi) automatiques de calcul utilisés par les Robo-Advisors sont dépourvus d’émotions qui pénalisent souvent, en période de crise surtout, les gestions dites traditionnelles. En revanche, nous devons le reconnaître, cela n’a pas toujours permis d’anticiper les premières baisses des cours financiers car la grande majorité des algorithmes employés par les Robo-Advisors ne sont pas encore capables de prédire ce type d’événement sanitaire très singulier et ses impacts indirects et, en l’occurrence, assez violents sur les marchés financiers internationaux. Quoiqu’il en soit, même si les marchés financiers ont essuyé de lourdes pertes (jusqu’à -35% pour le MSCI World et le S&P500 p.ex.) entre mi-février et mi-mars 2020, les rebonds subséquents ont déjà permis de récupérer une partie importante (en moyenne la moitié) des baisses encaissées au premier trimestre.

Bien entendu, les efforts de communication pour accompagner les investisseurs en période de stress aigu représentent pour les Robo-Advisors un nouveau challenge qu’ils n’avaient, pour certains, jamais expérimenté. Sachant que les technologies d’apprentissage et d’intelligence artificielle ne gèrent pas encore suffisamment efficacement le dialogue à entretenir avec les investisseurs sur des sujets aussi sensibles, les équipes opérationnelles des Robo-Advisors sont mises à rude épreuve comme toutes les autres.

Enfin, nous observons que la base clientèle (surtout les profils les plus dynamiques) des Robo-Advisors profite actuellement des prix jugés relativement bas pour réinvestir et compenser en partie les diminutions mécaniques des encours induites par les chutes boursières.

Dans ce contexte de crise, ces différents facteurs permettent à beaucoup de Robo-Advisors de tirer leur épingle du jeu et de gagner encore en crédibilité vis-à-vis des acteurs plus classiques. Ainsi, nous pouvons vraisemblablement imaginer une accélération de la digitalisation de ces services financiers dans les prochains mois. Cependant, et cela impactera tous les fournisseurs de conseils en investissement, les volatilités observées sur les marchés ces dernières semaines vont certainement refroidir une bonne partie des investisseurs pour migrer davantage leur épargne bancaire qui leur fait perdre chaque jour un peu plus de leur pouvoir d’achat vers une épargne financière qui reste, même à l’heure actuelle, plus rationnelle et optimale pour faire fructifier leur patrimoine financier.